Lomustine for treatment of mast cell tumors in cats- 38 cases (1999–2005)

Article du Dr Ken RASSNICK publié en avril 2008 dans JAVMA (Journal of the American Veterinary Medical Association)

Mastocytome du colon chez un chat
Coloscopie d’un mastocytome colique chez un chat
(Photo Clinique Vétérinaire des Hutins)

Contrairement aux mastocytomes du chien qui sont principalement cutanés ou sous-cutanés, les mastocytomes félins se présentent en général sous trois syndromes avec chacun une présentation clinique initiale et un pronostic différent :
– les mastocytomes cutanés uniques ou multiples
– les mastocytomes spléniques et/ou viscéraux
– les mastocytomes primitivement intestinaux

Les mastocytomes cutanés

Les mastocytomes cutanés se présentent sous la forme d’un nodule le plus souvent unique (plus rarement nodules multiples) et représentent environ 20% des tumeurs cutanées du chat aux Etats Unis (mais sont probablement plus rares en Europe).

La chirurgie est le plus souvent curative si les marges sont saines.

La radiothérapie ou l’électrochimiothérapie peuvent être des alternatives à la chirurgie lorsque la localisation de la tumeur rend difficile une exérèse complète (paupières, lèvres, etc …).

La chimiothérapie est rarement indiquée sauf lors de tumeur très agressive.

Les mastocytomes viscéraux et/ou spléniques

Les mastocytomes viscéraux et/ou spléniques sont plus rares (moins de 15% des mastocytomes félins), mais beaucoup plus agressifs que la forme cutanée.

Il est fréquent que d’autres organes que la rate soient atteints au moment du diagnostic (foie, intestin, noeuds lymphatiques, poumons, moelle osseuse, …).

La splénectomie peut être intéressante si le bilan d’extension n’est pas mauvais (atteinte splénique isolée), mais elle devra systématiquement être associée à une chimiothérapie.

Les mastocytomes gastro-intestinaux

Les mastocytomes primitivement gastro-intestinaux touchent plus fréquemment l’intestin grêle que le colon.

Le pronostic des mastocytomes gastro-intestinaux est équivalent à celui des mastocytomes spléniques … c’est à dire mauvais car les métastases sont très fréquentes au moment du diagnostic !

Lorsque le bilan d’extension n’est pas trop mauvais, le traitement reposera sur une entérectomie avec des marges suffisantes (5 à 10 cm) suivie d’une chimiothérapie.

intérêt de la lomustine dans la chimiothérapie des mastocytomes agressifs du chat

Cette article assez ancien (2008) de Ken RASSNICK est toujours d’actualité.

Il s’agit d’une étude rétrospective sur 38 chats porteurs de mastocytomes. Cette étude avait pour objectif de déterminer l’activité clinique et les effets toxiques de la lomustine lorsqu’elle est utilisée pour traiter les chats atteints de mastocytomes.

Tous les animaux inclus dans l’étude avaient des mastocytomes mesurables, dont la nature avait été confirmé par histologie ou cytologie :

  • 26 chats avaient une forme cutanée,
  • 7 chats avaient un mastocytome d’un noeud lymphatique mésentérique,
  • 2 chats avaient un mastocytome du tractus gastro-intestinal,
  • 2 chats avaient un mastocytome hépatique,
  • 1 chat avait un mastocytome impliquant plusieurs organes

La lomustine a été utilisée à une dose de 50 à 60 mg/m2 par voie orale : 50 mg/m(2) chez 22 chats et 60 mg/m(2) chez 16 chats.

Sept chats ont eu une réponse complète et douze ont eu une réponse partielle, soit un taux de réponse global de 50 %. La durée médiane de la réponse était de 168 jours (intervalle de 25 à 727 jours).

Les effets secondaires les plus fréquents étaient la neutropénie et la thrombocytopénie.

Conclusion

Ces résultats montrent que la lomustine a un intérêt dans le traitement des mastocytomes agressifs chez le chat et qu’elle est bien tolérée.

D’autres molécules peuvent également être utilisées pour traiter les mastocytomes agressifs du chat :
– les corticostéroïdes,
– les anti-histaminiques anti-H1 (diphenhydramine, chlorpheniramine) et anti-H2 (cimétidine, famotidine, ranitidine)
– les IPP (oméprazole)
– les inhibiteurs de la tyrosine kinase (masitinib ou toceranib)
– la vinblastine
– le chlorambucil