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L’approche métabolique du traitement des cancers consiste à exploiter l’effet Warburg pour freiner la croissance tumorale  en limitant l’absorption de glucose par les cellules tumorales.  Certaines molécules comme l’acide alpha-lipoïque, l’hydroxycitrate, la metformine, ou encore la naltrexone peuvent être utilisées chez les carnivores domestiques pour freiner cet effet Warburg et donc améliorer le pronostic de certains cancers.

Dès 1923, Otto WARBURG montre que les cellules cancéreuses sont capables de s’affranchir de l’oxygène pour produire l’ATP nécessaire à leur métabolisme. Cette découverte lui vaudra le prix Nobel de Physiologie et de Médecine en 1931. Cette particularité  des cellules cancéreuses, appelée « effet WARBURG », pourrait être exploitée dans l’arsenal thérapeutique contre les cancers, au côté des traitements conventionnels. Le Dr Laurent SCHWARTZ, cancérologue et chercheur à l’Ecole Polytechnique, auteur du livre Cancer – Guérir tous les malades, a obtenu des résultats prometteurs sur un protocole qui est adaptable aux chiens et chats porteurs d’un cancer.

Le glucose est la source énergétique primaire de toutes les cellules de l’organisme. Dans le cytosol cellulaire, le glucose est oxydé en pyruvate (voie d’Embden-Meyerhof-Parnas). Le pyruvate produit par la glycolyse peut ensuite être utilisé de trois manières différentes :
– chez les levures, il peut être converti en éthanol (fermentation alcoolique) ou encore en acide butyrique (fermentation butyrique) ;
– dans les cellules normales, si l’oxygène est en quantité suffisante, il est oxydé et produit de l’eau et du gaz carbonique (cycle de l’acide citrique ou cycle de Krebs suivi de la respiration cellulaire ou phosphorylation oxydative);
– en l’absence d’oxygène ou dans les cellules cancéreuses, il est oxydé en lactates qui seront ensuite reconvertis en glucose par le foie (cycle de Cori).

L’effet WARBURG est une anomalie métabolique des cellules cancéreuses peu efficace en terme de performance énergétique car si la glycolyse aérobie des cellules saines produit 36 ATP par molécule de glucose, le cycle de Cori au contraire consomme 4 ATP par molécule de glucose (2 ATP produits au niveau de la cellule cancéreuse et 6 ATP consommés au niveau du foie pour régénérer les lactates en glucose) ! Par contre, l’effet WARBURG permet aux cellules cancéreuses de survivre en milieu pauvre en oxygène donc en particulier lorsque la néovascularisation tumorale n’est pas suffisamment développée. L’effet WARBURG est également responsable de la cachexie cancéreuse, qui se manifeste par une perte progressive de la masse musculaire : le glucose étant gaspillé par les cellules cancéreuses, l’organisme puise dans ses réserves et utilise en particulier les protéines musculaires pour fabriquer du glucose (néoglucogénèse à partir des acides aminés).

Malgré sa découverte ancienne (1923), cette anomalie métabolique des cellules cancéreuses commence seulement à être exploitée à des fins thérapeutiques : l’hypothèse de plusieurs équipes de chercheurs est qu’en ciblant le métabolisme spécifique des cellules cancéreuses à l’aide de molécules assez simples et peu couteuses (dichloroacétate, citrate, hydroxycitrate, ou encore acide alpha-lipoïque), il serait possible de traiter les tumeurs tout en épargnant les cellules saines. L’équipe du Dr Evangelis MICHELAKIS (Université d’Alberta au Canada) vient de publier des résultats très encourageants sur l’utilisation du dichloroacétate (DCA) dans le traitement des glioblastomes de l’homme (Sutendra G & Michelakis ED, Frontiers in Oncology, mars 2013, vol 3, art 38). L’équipe du Dr Laurent SCHWARTZ travaille plutôt sur le citrate, l’hydroxycitrate et l’acide alpha-lipoïque (La Recherche, novembre 2008, N°424, p 60).

Les effets secondaires de ces traitements métaboliques  étant peu importants et leur coût modéré par rapport à une chimiothérapie ou à une radiothérapie, il semble justifié de les transposer aux animaux domestiques. Même si ces molécules sont facilement disponibles en pharmacie (citrate) ou sur internet (acide alpha lipoïque, hydroxycitrate, dichloroacetate) leur utilisation doit être encadrée par un vétérinaire.